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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/89

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’ai eu à dîner avant-hier ton ancien professeur Bourlet. Quelle grosseur ! quelles sueurs ! quelle rougeur ! C’est un hippopotame habillé en bourgeois. Il n’a pas faibli du reste, car il est toujours de l’opposition quand même, furieux contre le gouvernement, ennemi des prêtres et extra-grotesque.

Sais-tu que mon cher frère lit avec rage Régnier, qu’il en a trois éditions, qu’il m’en a récité des tartines par cœur ? il a dit devant moi à Bourlet à propos de Melaenis : « Si tu n’as pas lu ça, tu n’as rien lu. »

Que je sois pendu si je porte jamais un jugement sur qui que ce soit !

La bêtise n’est pas d’un côté et l’esprit de l’autre. C’est comme le vice et la vertu ; malin qui les distingue.

Axiome : Le synthétisme est la grande loi de l’ontologie.

Nouvelle : M. L… est conseiller municipal de Darnétal. « Ici, nous renonçons à peindre. » Ses parents sont dans le ravissement. Je t’assure que quand je pense à cela je me sens emporté dans un océan de rêveries.

Quand viens-tu, pauvre vieux ? Tu dois avoir fixé à peu près l’époque de tes vacances. As-tu vu Rouvière ? Laffitte ? Judith ? Tâche de te remuer un peu.

Adieu, je n’ai absolument rien à te dire, si ce n’est que je t’aime.

Je te réserve un discours du président Tougard[1] qui est « chouette », comme dirait Homais.


  1. Président de la Société centrale d’horticulture de Rouen.