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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je travaille médiocrement et « sans goût » ou plutôt avec dégoût. Je suis véritablement las de ce travail ; c’est un véritable pensum pour moi, maintenant.

Nous aurons probablement bien à corriger : j’ai cinq dialogues l’un à la suite de l’autre, et qui disent la même chose !!!

Tu verras qu’on finira par nous voler Pierrot, il faudrait ravoir le manuscrit ainsi que celui d’Agénor. C’est facile.

Je te recommande le dernier numéro de la Revue. Il y a une appréciation de l’école allemande romantique après laquelle il faut tirer l’échelle. On accuse Goethe d’égoïsme (nouveau !) et Henri Heine de nullité ou de nihilisme.

Va-t’en, de ma part, fumer une pipe, mélancoliquement, to the British Tavern, Rivoli street, en pensant à l’Âne d’or.


482. À LOUIS BOUILHET.
Croisset, dimanche, 3 heures [30 septembre 1855].

Causons un peu, mon pauvre vieux. La pluie tombe à torrents, l’air est lourd, les arbres mouillés et déjà jaunes sentent le cadavre. Voilà deux jours que je ne fais que penser à toi et ta désolation ne me sort pas de la tête[1].

Je me permettrai d’abord de te dire (contrairement à ton opinion) que si jamais j’avais douté de

  1. Nouveau refus de Madame de Montarcy par le Comité de lecture du Théâtre-Français.