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CORRESPONDANCE

muer le sac » qui s’appelle maintenant les tables tournantes. Parlez du progrès, après cela ! Et ajoutez a nos misères morales les massacres de la Pologne, la guerre d’Amérique, etc.

Quant à vous, chère âme endolorie, c’est le passé qui vous fait souffrir, à savoir les obligations d’un culte où votre cœur est attaché, mais qui révolte votre esprit. De la, divorce et supplice. Vous ne pouvez vous passer de prêtre, et le prêtre vous est odieux. Soyez à vous-même votre prêtre. Ou bien « abêtissez-vous », comme dit Pascal. Mais vous vous écartez de tous les remèdes. Le soleil vous fait du bien et vous restez dans un climat mélancolique, etc., etc. Du courage ! et l’allégement à vos maux ! voilà ce que souhaite du fond de son âme celui qui est tout à vous.


766. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
Croisset, lundi soir [26 octobre 1863].

Eh bien, et Paris ? et votre logement, et la solitude, et tout le reste ? vous y faites-vous ?

Vous avez dû éprouver un étrange écœurement quand, toutes vos affaires une fois rangées, vous vous êtes vue seule dans un gîte inconnu, avec la grande ville tout autour de vous. Je connais cela. En fait de sensations profondément amères il en est peu que je n’aie senties. Ayez bon courage cependant, vous vous habituerez a votre nouvelle existence, difficilement il est vrai, mais cela viendra. Et puis, vous ne pouviez plus rester à