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DE GUSTAVE FLAUBERT.

vous ai trouvés seulement trop loyaux et trop modestes. Quand on est braves comme vous, on peut être crânes. Quand on a votre talent, on doit être fiers.

La mesure autoritaire m’étonne d’autant plus qu’un bourgeois de Rouen (qui a assisté à l’une des dernières d’Henriette) m’a dit, hier, que tout s’y était très bien passé.

Tout cela est d’un incroyable à devenir fou !

J’ai relu Henriette deux fois. C’est bon. Voilà mon avis, et je m’y connais autant que Darcel.

Je vous supplie de m’écrire un peu longuement et même le plus longuement que vous pourrez.

Je sens qu’il y a du prêtre dans votre cabale. La « Sociale » n’a pas cet acharnement. Et puis, avant tout et surtout, vous avez le style, cette chose qui ne se pardonne jamais.

Qu’est-ce que la Princesse dit de tout cela ?

Tandis que l’on supprime votre pièce pour satisfaire au vœu de Pipe-en-Bois, on chasse des écoles les étudiants qui ont parlé à Louvain. C’est l’équilibre. Ô sainte Voyoucratie !

Adieu, mes pauvres chers vieux. Comme vous devez être las et énervés, maintenant ! Mais, sacré nom de dieu ! vous êtes de bons bougres. Vous pouvez vous dire cela à vous-mêmes dans le silence du cabinet. Et nous faisons un beau métier, après tout, puisqu’il fait crever de rage et d’envie jusqu’à la « jeunesse des écoles ».

Des détails, hein ?

Je vous embrasse et vous aime encore plus, si c’est possible. Votre

G. F.