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CORRESPONDANCE

bêtise même des femmes rêvait » ; n’est-ce pas là la phrase ?

Il n’y a pas une seule des tirades de Chassagnol qui ne me plaise ! Mais (il faut bien critiquer), je vous demande, en toute humilité, si elles ne sont pas toutes un peu pareilles comme valeur et comme tournure ?

Je me suis moins amusé au commencement du second volume. Fontainebleau m’a semblé un peu long. Pourquoi ?

Ah, s… n… de D… ! j’oubliais une chose superbe : la baignade d’Anatole, dans la Seine, la nuit. Il est excellent, le bohème, excellent d’un bout à l’autre.

Id. des embêtements causés à Coriolis par la Juiverie. Il y a, vers la fin du second volume, une foule de choses exquises. L’enfoncement de l’artiste par la femme, les doutes qu’il a de lui-même, toute cette fin m’a navré. C’est neuf, vrai et fort. Je connaissais le Jardin des Plantes et le tableau du satyre-bourgeois. Mais j’ignorais celui de Trouville, qui le vaut.

Comment avez-vous pu faire des descriptions d’Asie-Mineure si vraies, et dans la mesure exacte ? ce qui n’était pas facile.

Deux chicanes idiotes : 1o  Vous écrivez tatikos, il me semble. C’est tactikos[1] ; 2o  « aux miss », le pluriel de miss est misses.

  1. Au chapitre lxviii de Manette Salomon, on lit : « Sur sa tête elle avait le charmant tatikos de Smyrne, le tarbouch rouge aplati, tout couvert d’agréments et de broderies. » L’orthographe tatikos a été maintenue dans les éditions postérieures (1868, 1876 et édition de l’Académie Goncourt, s. d.). La coiffure décrite par les Goncourt est connue sous les noms de yéméni, tchatma, tchévré, koundak ou fakioli. Les Smyrniotes et les hellénistes que nous avons consultés ignorent également le tatikos et le taktikos.