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DE GUSTAVE FLAUBERT.

en prendre ma part. Il me faut tant de temps pour faire si peu que je n’ai pas une minute à perdre (ou à gagner), si je veux avoir fini mon lourd bouquin dans l’été de 1869.

Je n’ai pas dit qu’il fallait se supprimer le cœur, mais le contenir, hélas !

Quant au régime que je mène et qui est hors des lois de l’hygiène, ce n’est pas d’hier ; j’y suis fait. J’ai néanmoins un éreintement assez conditionné et il est temps que ma seconde partie finisse, après quoi j’irai à Paris. Ce sera vers la fin de ce mois. Vous ne me dites pas quand vous reviendrez de Cannes.

Ma fureur contre M. Thiers n’est pas calmée, au contraire ! Elle s’idéalise et s’accroît.


953. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
Croisset, 24 janvier 1868.

Non ! je ne vous oublie pas, chère Demoiselle, et je suis peiné de vous savoir malade. Si la sympathie en ces occasions pouvait servir à quelque chose, vous seriez guérie. Quel genre de maux d’yeux avez-vous ? Il est donc intermittent, puisque vous m’avez écrit quelques lignes au bas de votre lettre.

Vous m’annoncez la mort d’un vieil ami à vous[1]. Moi aussi, j’ai à vous parler de deuil. La semaine dernière j’ai perdu une petite-nièce que j’aimais beaucoup, une enfant de trois ans. Emportée en cinq jours par une pneumonie, suite

  1. Victor Mangin, rédacteur en chef du Phare de la Loire.