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CORRESPONDANCE

975. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset, dimanche [juillet 1868].

J’ai un peu tardé à répondre à Votre Altesse parce que je voulais savoir l’époque précise où il me sera possible d’aller chez elle.

Je compte donc, Princesse, user de votre hospitalité dans la dernière semaine de ce mois. J’espère néanmoins vous voir d’ici-là. Dans une huitaine de jours, probablement, j’irai vous faire une petite visite. Je ne vous ai pas vue depuis la fin de mai ; c’est long pour moi.

Mais l’histoire de la fameuse page[1] se répand ! On m’a envoyé ce matin un numéro du Figaro où l’anecdote est racontée ! On vous y prête un mot assez drôle et qui, n’étant pas bête, doit être vrai.

J’ai reçu, il y a quelques jours, une lettre des de Goncourt. Ils me parlent fort peu de leur santé et beaucoup de leur nouvelle maison. J’ai peur de retrouver encore les maçons dans la mienne. Mais la perspective de Saint-Gratien me calmera.

Quant à l’ami Taine, vous avez raison, il sera heureux quand même. Je ne le crois pas capable de sentiments violents. Une grande souffrance et une

  1. La Princesse ***, se piquant de littérature, relatait les menus faits tirés de la vie quotidienne de ses relations. Son manuscrit tomba un jour entre les mains d’un académicien, intime de la maison, où tout au long d’une page il était tourné en ridicule. Le salon *** était alors très panaché ; un jour on recevait tel parti et, un autre jour, le parti opposé, ce qui fit dire à la princesse Mathilde : « Je reconnais bien là ma chère cousine ! Elle mange du Renan avec mon frère et du bon Dieu avec ma belle-sœur. »