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CORRESPONDANCE

commence à m’embêter, entre nous, et j’ai envie de savoir à quoi m’en tenir.

Puisque vous m’avez prêché pour laisser lire mon manuscrit, et qu’il est entre vos mains, faites-en ce que bon vous semblera. Je me fie là-dessus (comme sur le reste) entièrement à vous.

Il n’y a que trois éditeurs possibles : Lévy, Lacroix et Hachette. Voyez, tâtez ! Et tâchez de m’avoir une somme assez ronde, sans pour cela manquer aux principes.

J’ai reçu ce matin une lettre de Jules. Il me paraît bien ferme et bien solide. J’attends avec impatience ce que décideront ses créanciers lundi. J’ai oublié de vous remercier pour votre dernière lettre.

À bientôt, mille poignées de main.


729. À MADAME ROGER DES GENETTES.
[Croisset, juillet 1862].

À vous, je peux tout dire. Eh bien ! notre dieu baisse. Les Misérables m’exaspèrent et il n’est pas permis d’en dire du mal : on a l’air d’un mouchard. La position de l’auteur est inexpugnable, inattaquable. Moi qui ai passé ma vie à l’adorer, je suis présentement indigné ! Il faut bien que j’éclate, cependant.

Je ne trouve dans ce livre ni vérité, ni grandeur. Quant au style, il me semble intentionnellement incorrect et bas. C’est une façon de flatter le populaire. Hugo a des attentions et des prévenances pour tout le monde ; Saint-Simoniens,