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CORRESPONDANCE

numide de Naravasse que j’écris Narr’havas, de Nar-el-haouah, feu du souffle. Vous auriez pu deviner que les deux m de Salammbô sont mis exprès pour faire prononcer Salam et non Salan, et supposer charitablement que Égates, au lieu de Ægates, était une faute typographique, corrigée du reste dans la seconde édition de mon livre, antérieure de quinze jours à vos conseils. Il en est de même de Scissites pour Syssites et du mot Kabire, que l’on avait imprimé sans un k (horreur !) jusque dans les ouvrages les plus sérieux, tels que les Religions de la Grèce antique, par Maury. Quant à Schalischim, si je n’ai pas écrit (comme j’aurais dû le faire) Rosch-esch-Schalischim, c’était pour raccourcir un nom déjà trop rébarbatif, ne supposant pas d’ailleurs que je serais examiné par des philologues. Mais puisque vous êtes descendu jusqu’à ces chicanes de mots, j’en reprendrai chez vous deux autres : 1o  Compendieusement, que vous employez tout au rebours de la signification pour dire abondamment, prolixement, et 2o  Carthachinoiserie, plaisanterie excellente, bien qu’elle ne soit pas de vous, et que vous avez ramassée, au commencement du mois dernier, dans un petit journal. Vous voyez, Monsieur, que si vous ignorez parfois mes auteurs, je sais les vôtres. Mais il eût mieux valu, peut-être, négliger « ces minuties qui se refusent », comme vous le dites fort bien, « à l’examen de la critique ».

Encore une, cependant ! Pourquoi avez-vous souligné le et dans cette phrase (un peu tronquée) de ma page 156 : « achète-moi des Cappadociens et des Asiatiques » ? Est-ce pour briller en voulant faire accroire aux badauds que je ne distingue pas