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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Mais personne n’a été si loin que vous dans ces analyses. Il y a dans l’Histoire de ma vie des pages là-dessus qui sont d’une profondeur démesurée. Ce que je dis est vrai, puisque les esprits les plus éloignés du vôtre sont restés ébahis devant elles. Témoin les de Goncourt.

Ce bon Tourgueneff doit être à Paris à la fin de mars. Ce qui serait gentil, ce serait de dîner tous les trois ensemble.

Je repense à Sainte-Beuve. Sans doute on peut se passer de 30 000 livres de rente. Mais il y a quelque chose de plus facile encore : c’est, quand on les a, de ne pas débagouler, toutes les semaines, dans les journaux. Pourquoi ne fait-il pas de livres, puisqu’il est riche et qu’il a du talent ?

Je relis en ce moment Don Quichotte. Quel gigantesque bouquin ! Y en a-t-il un plus beau ?


1017. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Jeudi 3 heures [février 1869].

Oui, nos deux lettres se sont croisées, Princesse, ce qui prouve que nous pensions l’un à l’autre en même temps. Je prends cela pour un peu plus qu’une politesse du hasard. Mais si je vous écrivais toutes les fois que je songe à vous, je vous écrirais tous les jours et presque tout le long du jour ! Comment voulez-vous qu’il n’en soit pas ainsi !..

Le mercredi particulièrement me ramène le souvenir de la rue de Courcelles. Je ne me console de n’y plus être que par l’espoir d’y revenir.