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DE GUSTAVE FLAUBERT.

se faire naturaliser Allemands ! Je vous assure que c’est à désespérer de l’espèce humaine.

J’irai à Versailles jeudi. La Droite fait peur par ses excès. Le vote sur les Orléans[1] est une concession qu’on lui a faite, pour ne pas l’irriter et avoir le temps de se préparer contre elle.

J’excepte de la folie générale Renan, qui m’a paru, au contraire, très philosophe, et le bon Soulié, qui m’a chargé de vous dire mille choses tendres.

J’ai recueilli une foule de détails horribles et inédits, et dont je vous fais grâce.

Mon petit voyage à Paris m’a extrêmement troublé, et je vais avoir du mal à me remettre à la pioche.

Que dites-vous de mon ami Maury, qui a maintenu le drapeau tricolore sur les Archives tout le temps de la Commune ? Je crois peu de gens capables d’une pareille crânerie.

Quand l’histoire débrouillera l’incendie de Paris, elle y trouvera bien des éléments, parmi lesquels il y a, sans aucun doute : 1o la Prusse, et 2o les gens de Badinguet : on n’a plus aucune preuve écrite contre l’empire, et Haussmann va se présenter hardiment aux élections de Paris.

Avez-vous lu, parmi les documents trouvés aux tuileries en septembre dernier, un plan de roman par Isidore ? Quel scénario !


  1. Abrogation des lois d’exil qui avaient frappé les princes de la maison d’Orléans sous le second Empire.