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CORRESPONDANCE

Mais j’ai besoin de causer avec ce savant.

T’ai-je dit que d’Osmoy m’avait annoncé sa visite pour le commencement d’octobre ? C’est à ce moment-là aussi que j’attends Tourgueneff. Je voudrais bien que mon Olympe fût arrêté avant leur (ou sa ?) visite.

Adieu, pauvre chère fille.


1210. À GEORGE SAND.
[Croisset, 4 ou 5 octobre 1871].
Chère Maître,

J’ai reçu votre feuilleton hier et j’y répondrais longuement si je n’étais au milieu des préparatifs de mon départ pour Paris. Je vais tâcher d’en finir avec Aïssé.

Le milieu de votre lettre m’a fait verser un pleur, sans me convertir, bien entendu. J’ai été ému, voilà tout, mais non persuadé.

Je cherche chez vous un mot que je ne trouve nulle part : justice, et tout notre mal vient d’oublier absolument cette première notion de la morale. La grâce, l’humanitarisme, le sentiment, l’idéal, nous ont joué d’assez vilains tours pour qu’on essaye du Droit et de la Science.

Si la France ne passe pas, d’ici à peu de temps, à l’état critique, je la crois irrévocablement perdue. L’instruction gratuite et obligatoire n’y fera rien qu’augmenter le nombre des imbéciles. Renan a dit cela supérieurement dans la Préface de ses « Questions contemporaines ». Ce