Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 6.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
CORRESPONDANCE

il y ait un bourgeois, un seul, ayant lu Bastiat, et que ce bourgeois-là soit respecté : les choses changeraient.

Cependant je ne suis pas découragé comme vous, et le gouvernement actuel me plaît, parce qu’il n’a aucun principe, aucune métaphysique, aucune blague. Je m’exprime très mal. Vous méritez pourtant une autre réponse, mais je suis fort pressé.

J’apprends aujourd’hui que la masse des Parisiens regrette Badinguet. Un plébiscite se prononcerait pour lui, je n’en doute pas, tant le suffrage universel est une belle chose.


1211. À MADAME ROGER DES GENETTES.
Croisset, [vendredi, 6 octobre, 1871].

Il faut que je m’en aille à Paris, la semaine prochaine, pour les affaires de mon pauvre Bouilhet, afin d’en finir avec Aïssé, et je passerai au boulevard Beaumarchais, voir si par hasard… mais non ! Je ne trouverai personne ! Pourquoi ? êtes-vous condamnée à Villenauxe à perpétuité ? « Paris n’est-il pas assez à plaindre, belle dame ? », comme dirait M. Prud’homme.

Il me semble que vous êtes bien seule là-bas et que vous devez vous y ennuyer mortellement. Le général m’a dit que vous gardiez votre « excellent moral ». Est-ce vrai ? Il est charmant, votre brave frère ! Il est venu me faire une longue visite, où il a beaucoup et très bien parlé. Je crois que la sympathie est réciproque.