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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de ne pas vous ennuyer et pensez un peu à un pauvre diable qui vous aime, Princesse, à votre vieux fidèle.


1297. À MADAME ROGER DES GENETTES.
Croisset, 15 mai 1872.

Vous avez raison, je pense à vous très souvent, plus que jamais et profondément. Pourquoi ?… Je suis comme un vieillard, le passé m’envahit. Je roule dans les souvenirs et je m’y perds. Mon isolement est absolu et, quand je n’ai pas beaucoup de chagrin, j’ai beaucoup d’ennuis. Cela me change. Après les larmes, les bâillements. Cela compose un petit assortiment de distractions fort coquet.

Je fais ce que je peux pour sortir de là ; je me force au travail et je me rudoie. Mais le cœur n’est pas à la littérature. Le bon Saint Antoine (que j’ai repris et qui sera fini vers le mois d’août) m’embête comme la vie elle-même, ce qui n’est pas peu dire. J’aurais besoin pour le finir de l’enthousiasme que j’avais l’été dernier. Mais, depuis lors, il m’est survenu de fortes secousses. Que je suis démonté ! Mon pauvre bourrichon est à bas.

Comme j’ai envie de vous lire ce livre-là, pourtant ! Car il est fait pour vous, j’entends pour le petit nombre, pour la petite horde qui s’éclaircit.

En quoi le séjour de Paris est-il contraire à votre traitement ? Ne seriez-vous pas tout aussi bien à Paris que dans le lointain Villenauxe ?