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CORRESPONDANCE


DE


GUSTAVE FLAUBERT

1010. À GEORGE SAND.
[Croisset] Nuit de la Saint-Sylvestre, 1 heure.
[1er  janvier 1869.]

Pourquoi ne commencerais-je pas l’année 1869 en vous la souhaitant, à vous et aux vôtres, « bonne et heureuse, accompagnée de plusieurs autres » ? C’est rococo, mais ça me plaît. Maintenant, causons !

Non, « je ne me brûle pas le sang », car jamais je ne me suis mieux porté. On m’a trouvé à Paris « frais comme une jeune fille », et les gens qui ignorent ma biographie ont attribué cette apparence de santé à l’air de la campagne. Voilà ce que c’est que les « idées reçues ». Chacun a son hygiène. Moi, quand je n’ai pas faim, la seule chose que je puisse manger, c’est du pain sec. Et les mets les plus indigestes, tels que pommes à cidre vertes et du lard, sont ce qui me retire les maux d’estomac. Ainsi de suite. Un homme qui n’a pas le sens commun ne doit pas vivre d’après les règles du sens commun.