Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 6.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
DE GUSTAVE FLAUBERT.

employés à chercher des renseignements et à faire des courses pour mon bouquin. J’étais si exténué vendredi dernier que je me suis couché à 7 heures du soir. Telles sont mes folles orgies dans la capitale.

J’ai trouvé les de Goncourt dans l’admiration frénétique (sic) d’un ouvrage intitulé : Histoire de ma vie, par G. Sand. Ce qui prouve de leur part plus de bon goût que d’érudition. Ils voulaient même vous écrire pour vous exprimer toute leur admiration. (En revanche, j’ai trouvé *** stupide. Il compare Feydeau à Chateaubriand, admire beaucoup le Lépreux de la Cité d’Aoste, trouve Don Quichotte ennuyeux, etc.)

Remarquez-vous combien le sens littéraire est rare ? La connaissance des langues, l’archéologie, l’histoire, etc., tout cela devrait servir, pourtant ! Et bien, pas du tout ! Les gens soi-disant éclairés deviennent de plus en plus ineptes en fait d’art. Ce qui est l’Art même leur échappe. Les gloses sont pour eux chose plus importante que le texte. Ils font plus de cas des béquilles que des jambes.


1011. À GEORGE SAND.
[Croisset] Jeudi soir [7 janvier 1869].

Savez-vous, chère maître, que c’est très gentil à nous deux de nous être écrit simultanément pendant la nuit de la Saint-Sylvestre ? Il y a un fort croc, décidément.

Je ne vois personne, je ne sais rien, je vis comme