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CORRESPONDANCE

ce qui est de l’imprimerie. Quant aux paroles, elles sont à l’avenant. Saint-Victor (est-ce servilité envers Michel Lévy ?) me déchire au dîner de Brébant, ainsi que cet excellent Charles-Edmond, etc., etc. En revanche, je suis admiré par les professeurs de la Faculté de théologie de Strasbourg, par Renan et par la caissière de mon boucher, sans compter quelques autres. Voilà le vrai !

Ce qui m’étonne, c’est qu’il y a sous plusieurs de ces critiques une haine contre moi, contre mon individu, un parti pris de dénigrement, dont je cherche la cause. Je ne me sens pas blessé, mais cette avalanche de sottises m’attriste. On aime mieux inspirer des bons sentiments que des mauvais. Au reste, je ne pense plus à Saint Antoine. Bonsoir !

Je vais me mettre, cet été, à un autre livre du même tonneau ; après quoi je reviendrai au roman pur et simple. J’en ai, en tête, deux ou trois que je voudrais bien écrire avant de crever. Présentement, je passe mes jours à la Bibliothèque, où j’amasse des notes. Dans une quinzaine, je m’en retourne vers ma maison des champs. Au mois de juillet, j’irai me décongestionner sur le haut d’une montagne, en Suisse, obéissant au conseil du docteur Hardy, lequel m’appelle « une femme hystérique », mot que je trouve profond.

Le bon Tourgueneff part la semaine prochaine pour la Russie ; le voyage va forcément interrompre sa rage de tableaux ; car notre ami ne sort plus de la Salle des ventes. C’est un homme passionné ; tant mieux pour lui.

Je vous ai bien regrettée chez Mme Viardot, il