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DE GUSTAVE FLAUBERT.

cœur, et je redoute moins l’hiver qui va venir, puisque je sais que je vous verrai.

Malgré toutes mes résolutions, ma Légende n’est guère avancée. Il me prend de temps à autre des prostrations où je me sens si anéanti qu’il me semble que je vais crever. Dans mes moments de désœuvrement, et ils sont nombreux, je lis quelques passages d’un saint-Simon qu’on m’a prêté et, pour la millième fois, les contes de ce polisson de Voltaire, et puis régulièrement le Siècle, le Temps, et le Phare de la Loire ; car, ici, contrairement aux idées reçues sur la catholique Bretagne, on est très radical et libre penseur.

Des deux sonnets de Mme Colet, celui que je trouve le meilleur, c’est le premier ; les quatre derniers vers me semblent même fort bons.

La pluie tombe à vrac et je reste au coin de mon feu, dans ma chambre d’auberge, à rêvasser pendant que mon compagnon dissèque des petites bêtes dans son laboratoire. Il m’a montré l’intérieur de plusieurs poissons et mollusques ; c’est curieux, mais insuffisant à ma félicité. Quelle bonne existence que celle des savants et comme je les envie !


1561. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Concarneau], lundi matin, 8 heures. [25 octobre 1875].
Chère Fille,

Voici du nouveau : Pouchet est obligé d’être à Paris le 3 ou le 5, c’est-à-dire mercredi ou vendredi de la semaine prochaine.