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CORRESPONDANCE

La famille, qui est catholique, l’a emportée à Verneuil pour éviter l’enterrement civil et il n’y a eu aucun scandale. Les journaux en ont très peu parlé. Vous rappelez-vous le petit appartement de la rue de Sèvres ? Et tout le reste ? Ah ! misère de nous !

J’aurais dû vous répondre immédiatement, mais depuis trois jours je ne décolère pas : je ne peux mettre en train mon Histoire d’un cœur simple. J’ai travaillé hier pendant seize heures, aujourd’hui toute la journée et, ce soir enfin, j’ai terminé la première page.

Les inondations m’ont empêché d’aller à Pont-L’évêque. La nature, « quoi qu’on die », n’est pas faite précisément pour l’homme. Ce qu’il y a de beau, c’est qu’il puisse y durer.

La semaine dernière j’ai été voir aux Français le Philosophe sans le savoir. Quelle littérature ! Quel poncif ! quelle amusette ! Enfin j’étais si indigné que, revenu chez moi, j’ai passé toute la nuit à relire la Médée d’Euripide pour me décrasser de ce laitage. Comme on est indulgent pour les œuvres de troisième ordre ! Ah ! ça ne blesse personne !

Allons du courage ! Pensez quelquefois à votre vieil ami.


1572. À M. FÉLIX FRANK.
[Avril 1876.]

Si je savais où vous trouver, mon cher ami, j’irais vous remercier de votre volume[1]. Je vou-

  1. Le Poème de la jeunesse fleurie, soleils couchés, forces vives, 1 vol.