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CORRESPONDANCE

Cruchard, quelquefois, n’est pas commode !) Ledit Carvalho a fini par reconnaître qu’il était impossible de rien changer au Sexe faible sans dénaturer l’idée même de la pièce. Mais il demande à jouer d’abord le Candidat, qui n’est pas fait et qui l’enthousiasme — naturellement. Puis, quand la chose sera terminée, revue et corrigée, il n’en voudra peut-être plus ! Bref, après l’Oncle Sam, si le Candidat est terminé, il le jouera. Sinon, ce sera le Sexe faible.

Au reste, je m’en moque, tant j’ai envie de me mettre à mon roman, qui m’occupera plusieurs années. Et puis, le style théâtral commence à m’agacer. Ces petites phrases courtes, ce pétillement continu m’irrite à la manière de l’eau de Seltz, qui d’abord fait plaisir et qui ne tarde pas à vous sembler de l’eau pourrie. D’ici au mois de janvier, je vais donc dialoguer le mieux possible, après quoi, bonsoir ; je reviens à des choses sérieuses.

Je suis content de vous avoir un peu divertie avec la biographie de Cruchard. Mais je la trouve hybride, et le caractère de Cruchard ne se tient pas. Un homme si fin dans la direction n’a pas autant de préoccupations littéraires. L’archéologie est de trop. Elle appartient à un autre genre d’ecclésiastiques. C’est peut-être une transition qui manque ! Telle est mon humble critique.

On avait dit, dans un courrier de théâtres, que vous étiez à Paris ; j’ai eu une fausse joie, chère bon maître que j’adore et que j’embrasse.