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CORRESPONDANCE

1636. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, vendredi, 5 heures [12 janvier 1877].

[…] Maintenant, pauvre chat, embrassons-nous !

[…] Ma deuxième partie sera achevée dans trois ou quatre jours ; donc, au 3 février, le plan de la dernière sera bien développé, et peut-être en aurai-je écrit la moitié ?

Il est vrai que je travaille sans discontinuer, à table et dans mon lit, car je ne dors presque plus du tout. […]

Après une pioche aussi violente que celle où je suis plongé (car, depuis un an, sauf quinze jours au mois de septembre, monsieur a été dans une création permanente), je serai bien aise de prendre « a little entertainment ».

Donc, préparez-vous à me combler de douceurs, et surtout à avoir de bonnes mines ! Il faudra être folichon pour récréer Vieux. Je tâcherai de ne pas m’impatienter à propos de la cuisinière ; mais je redoute d’avance le tapage des voitures ! Le silence absolu qui m’entoure est, je suis sûr, une grande cause d’exaltation intellectuelle. Pour que l’imagination soit libre, il faut ne sentir aucun poids sur soi.

Tu continues toujours à te livrer à la physiologie. Très bien ! Ma joie serait de te voir enfoncer « un bon docteur », ce qui ne sera pas difficile, dans quelque temps, ces messieurs étant généralement d’une ignorance crasse. Voilà la vraie immoralité : l’ignorance et la bêtise ! Le diable n’est pas autre chose. Il se nomme Légion.