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CORRESPONDANCE

et m’a dit : « Gambetta vous demande si vous voulez la place de M. de Sacy : 8 000 francs et le logement ! Répondez-moi tout de suite ». À force d’éloquence et de tendresse (le mot n’est pas trop fort) et secondé en cela par Laporte, il a vaincu les répugnances que j’ai à devenir fonctionnaire ! L’idée que je vous serais moins à charge est, au fond, ce qui m’a décidé. Et après une nuit d’insomnie, je lui ai répondu : « Faites ! » Tout devait se faire en silence et on ne devait t’initier qu’après une conclusion.

Vingt-quatre heures après, lettre de Tourgueneff me disant qu’il s’est trompé, que la place n’est que de 6 000, mais qu’il croyait devoir continuer ses démarches.

Or, Gambetta n’avait rien promis du tout. Goncourt lui avait demandé pour moi une sinécure, ainsi que les Charpentier, lesquels s’étaient monté le bourrichon. Ils avaient écrit à Mme Adam, toute disposée en ma faveur.

Autre lettre : la place n’est plus de 6 000, mais de 4 000 !

Là-dessus, Cordier[1] est venu me voir, et s’est montré tout dévoué. Il a parlé de moi à Paul Bert qui lui a dit qu’il ferait tout pour moi, et au père Hugo qui, séance tenante, a écrit une chaude recommandation à Ferry.

Article du Figaro. Et départ de Tourgueneff pour la Russie. On m’avait prévenu, un peu auparavant, que maître Sénard, ayant contribué au ministère, réclamait la place pour son gendre, auquel elle revient de droit.

  1. Sénateur inamovible.