Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 8.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
DE GUSTAVE FLAUBERT.

Lundi dernier, lettre de Baudry me demandant enfin de mes nouvelles et m’apprenant le mariage de sa fille… Il me dit qu’il fait des démarches pour la place de M. de Sacy, ne parle pas du tout de celles qu’on fait pour moi. Taine lui en avait parlé, mais « elle ne me convient pas du tout ». De plus, il s’apitoie sur mon sort et en veut à Bardoux de ce qu’il ne m’a pas donné celle de Troubat : 3 000 francs et séjour forcé à Compiègne ! Charmante perspective ! Ledit philosophe est un sot. S’il m’avait écrit franchement : « Je vous en prie, tenez-vous tranquille, je vous demande cela comme un service », ma gentilhommerie native m’eût forcé à lui laisser le champ libre. Je lui ai fait répondre par Laporte que j’étais trop souffrant pour lui écrire, et qu’il aurait de moi des explications quand je pourrais tenir ma plume. À Normand, Normand et demi !

Voilà où en sont les choses. Mais je suis sûr qu’il sera nommé[1], et j’en serai pour ma courte honte ! Je passerai pour un sot intrigant : voilà ce qu’on m’aura fait gagner. De plus, l’article du Figaro[2] (on m’écrit maintenant pour me deman-

  1. Frédéric Baudry fut nommé en effet par décret du 17 février à la place de M. de Sacy. Il était gendre de Sénard.
  2. Voici cet article intitulé : « La République athénienne ».

    « Voici une histoire piquante et toute fraîche. On sait que M. Gustave Flaubert, l’auteur de Madame Bovary, a perdu presque toute sa fortune dans une entreprise commerciale ou il s’était engagé par pure bonté pour un de ses parents. Les amis du romancier avaient songé à obtenir pour lui la succession de M. de Sacy, dont la mort était imminente, à la Bibliothèque Mazarine.

    « Tourgueneff, l’éminent écrivain russe, se chargea de faire les démarches nécessaires. Il alla voir une grande dame de la Répu-