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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Sois sûre, pauvre loulou, que ta santé va se ressentir en bien de ce changement de fortune. Dans les premiers temps ce ne sera peut-être pas encore magnifique. Mais enfin il y aura un flux métallique qui nous fera sortir de la gêne. Et l’avenir est bon ! Hosannah ! Nous avons eu tant de renfoncements successifs que j’ai peine à y croire.

Parlons, parlons de… l’Art.

Bien que ton mari te traite de banquiste, j’approuve ton idée de convier les amateurs à venir dans ton atelier. Ça les flattera, et peut-être paieront-ils cette attention par de petits coups d’épaule.

N’oublie pas d’inviter A. Darcel (vu le Journal de Rouen). Écris aussi un petit mot à E. de Goncourt, 53, boulevard Montmorency ; il est très répandu dans ce monde-là. Veux-tu que je prie P. Burty, de ta part ? Si tu tiens à des articles, il faut t’y prendre d’avance. Je suis enchanté de ce que t’a dit Bonnat. Oui ! tu « arriveras » si tu fais ce qu’il faut pour cela, c’est-à-dire : cracher a priori sur le succès et ne travailler que pour toi. Le mépris de la gloriole et du gain est la première marche pour atteindre au Beau, la morale n’étant qu’une partie de l’Esthétique, mais sa condition foncière. Dixi !

Cet été, il faut que Madame pioche les accessoires, apprenne à faire le linge, le velours, etc. On doit savoir tout exécuter, être rompue à tous les exercices. La vraie Force est l’exagération de la souplesse. L’artiste doit contenir un saltimbanque. Comme je prêche ! C’est peut-être la faute de Bouvard et Pécuchet, car je suis perdu dans la Péda-