Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/137

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de froc. Ils le mettaient à tour de rôle, pour recevoir les visites.

Ils eurent celles de Girbal, de Foureau, du capitaine Heurteaux, puis de personnes inférieures : Langlois, Beljambe, leurs fermiers, jusqu’aux servantes des voisins ; et chaque fois ils recommençaient leurs explications, montraient la place où serait le bahut, affectaient de la modestie, réclamaient de l’indulgence pour l’encombrement.

Pécuchet, ces jours-là, portait le bonnet de zouave qu’il avait autrefois à Paris, l’estimant plus en rapport avec le milieu artistique. À un certain moment, il se coiffait du casque et le penchait sur la nuque, afin de dégager son visage. Bouvard n’oubliait pas la manœuvre de la hallebarde ; enfin, d’un coup d’œil, ils se demandaient si le visiteur méritait que l’on fît « le moine du moyen âge ».

Quelle émotion quand s’arrêta devant leur grille la voiture de M. de Faverges ! Il n’avait qu’un mot à dire. Voici la chose :

Hurel, son homme d’affaires, lui avait appris que, cherchant partout des documents, ils avaient acheté de vieux papiers à la ferme de la Aubrye.

Rien de plus vrai.

N’y avaient-ils pas découvert des lettres du baron de Gonneval, ancien aide de camp du duc d’Angoulême, et qui avait séjourné à la Aubrye ? On désirait cette correspondance pour des intérêts de famille.

Elle n’était pas chez eux, mais ils détenaient une chose qui l’intéressait, s’il daignait les suivre jusqu’à leur bibliothèque.

Jamais pareilles bottes vernies n’avaient craqué