Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/136

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Bouvard s’éloigna et reparut affublé d’une couverture de laine, puis s’agenouilla devant le prie-Dieu, les coudes en dehors, la face dans les mains, la lueur du soleil tombant sur sa calvitie ; et il avait conscience de cet effet, car il dit :

— Est-ce que je n’ai pas l’air d’un moine du moyen âge ?

Ensuite il leva le front obliquement, les yeux noyés ; faisant prendre à sa figure une expression mystique. On entendit dans le corridor la voix grave de Pécuchet :

— N’aie pas peur, c’est moi.

Et il entra la tête complètement recouverte d’un casque : un pot de fer à oreillons pointus.

Bouvard ne quitta pas le prie-Dieu. Les deux autres restaient debout. Une minute se passa dans l’ébahissement.

Mme Bordin parut un peu froide à Pécuchet. Cependant il voulut savoir si on lui avait tout montré.

— Il me semble.

Et désignant la muraille :

— Ah ! pardon, nous aurons ici un objet que l’on restaure en ce moment.

La veuve et Marescot se retirèrent.

Les deux amis avaient imaginé de feindre une concurrence. Ils allaient en courses l’un sans l’autre, le second faisant des offres supérieures à celles du premier. Pécuchet ainsi venait d’obtenir le casque.

Bouvard l’en félicita et reçut des éloges à propos de la couverture.

Mélie, avec des cordons, l’arrangea en manière