Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/142

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Gorju les accompagnait ; ils se mirent à l’ouvrage. On n’entendait que le bruit des cailloux heurtés par la bêche qui creusait le gazon.

Le voisinage des morts leur était désagréable ; l’horloge de l’église poussait un râle continu, et la rosace de son tympan avait l’air d’un œil épiant les sacrilèges. Enfin, ils emportèrent la cuve.

Le lendemain, ils revinrent au cimetière pour voir les traces de l’opération.

L’abbé, qui prenait le frais sur sa porte, les pria de lui faire l’honneur d’une visite ; et les ayant introduits dans sa petite salle, il les regarda singulièrement.

Au milieu du dressoir, entre les assiettes, il y avait une soupière décorée de bouquets jaunes.

Pécuchet la vanta, ne sachant que dire.

— C’est un vieux Rouen, reprit le curé, un meuble de famille.

Les amateurs le considèrent, M. Marescot surtout.

Pour lui, grâce à Dieu, il n’avait pas l’amour des curiosités ; et comme ils semblaient ne pas comprendre, il déclara les avoir aperçus lui-même dérobant le font baptismal.

Les deux archéologues furent très penauds, balbutièrent. L’objet en question n’était plus d’usage.

N’importe ! ils devaient le rendre.

Sans doute ! Mais au moins, qu’on leur permît de faire venir un peintre pour le dessiner.

— Soit, messieurs.

— Entre nous, n’est-ce pas ? dit Bouvard, sous le sceau de la confession !