Il souriait, flatté dans son orgueil.
Elle le prit à deux mains par les flancs, et la tête renversée, comme en adoration.
— Mon cher cœur ! mon cher amour ! mon âme ! ma vie ! Voyons, parle, que veux-tu ? Est-ce de l’argent ? On en trouvera. J’ai eu tort ! je t’ennuyais ! pardon ! et commande-toi des habits chez le tailleur, bois du champagne, fais la noce, je te permets tout, tout.
Elle murmura dans un effort suprême :
— Jusqu’à elle !… pourvu que tu reviennes à moi.
Il se pencha sur sa bouche, un bras autour de ses reins, pour l’empêcher de tomber, et elle balbutiait :
— Cher cœur ! cher amour ! comme tu es beau ! mon Dieu, que tu es beau !
Pécuchet, immobile, et la terre du fossé à la hauteur de son menton, les regardait, en haletant.
— Pas de faiblesse ! dit Gorju, je n’aurais qu’à manquer la diligence ! on prépare un fameux coup de chien ; j’en suis ! Donne-moi dix sous, pour que je paye un gloria au conducteur.
Elle tira cinq francs de sa bourse.
— Tu me les rendras bientôt. Aie un peu de patience ! Depuis le temps qu’il est paralysé ! songe donc ! Et si tu voulais, nous irions à la chapelle de la Croix-Janval, et là, mon amour, je jurerais, devant la sainte Vierge, de t’épouser, dès qu’il sera mort !
— Eh ! il ne meurt jamais, ton mari !
Gorju avait tourné les talons. Elle le rattrapa ; et se cramponnant à ses épaules :
— Laisse-moi partir avec toi ! je serai ta domestique !