Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/93

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balancez entre un homme nanti d’un diplôme…

Pécuchet ricana :

— Pourquoi riez-vous ?

— C’est qu’un diplôme n’est pas toujours un argument !

Le docteur était attaqué dans son gagne-pain, dans sa prérogative, dans son importance sociale. Sa colère éclata :

— Nous le verrons quand vous irez devant les tribunaux pour exercice illégal de la médecine !

Puis, se tournant vers la fermière :

— Faites-le tuer par monsieur tout à votre aise, et que je sois pendu si je reviens jamais dans votre maison !

Et il s’enfonça sous la hêtrée, en gesticulant avec sa canne.

Bouvard, quand Pécuchet rentra, était lui-même dans une grande agitation.

Il venait de recevoir Foureau, exaspéré par ses hémorroïdes. Vainement avait-il soutenu qu’elles préservent de toutes les maladies. Foureau, n’écoutant rien, l’avait menacé de dommages et intérêts. Il en perdait la tête.

Pécuchet lui conta l’autre histoire, qu’il jugeait plus sérieuse, et fut un peu choqué de son indifférence.

Gouy, le lendemain, eut une douleur dans l’abdomen. Cela pouvait tenir à l’ingestion de la nourriture. Peut-être que Vaucorbeil ne s’était pas trompé ? Un médecin, après tout, doit s’y connaître ! Et des remords assaillirent Pécuchet. Il avait peur d’être homicide.

Par prudence, ils congédièrent le bossu. Mais, à cause du déjeuner lui échappant, sa mère cria