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« Point de gouvernement, une presse sans frein, une garde civique en grande partie aux mains des radicaux, les manifestations de la rue à l’état permanent et dégénérant souvent en émeute, partout le cri de guerre contre l’Autriche.

« Le grand-duc de Toscane est à la dérive, sans savoir où il jettera l’ancre », écrit M. de Barante. » (Thureau-Dangin, Histoire de la Monarchie de Juillet, t. VII, p. 278.)

P. 377. Nous avions sacrifié la Hollande pour obtenir de l’Angleterre la reconnaissance de Louis-Philippe… — En réalité, l’Angleterre ne fit aucune difficulté pour reconnaître Louis-Philippe.

«… Si le renversement de Charles X blessait les tories dans leurs principes, il flattait les ressentiments qu’avait éveillés chez eux la politique extérieure de la Restauration. L’Angleterre ne s’était-elle pas sentie naguère menacée d’isolement par le rapprochement de la France avec les puissances continentales ? N’avait-elle pas été surtout indisposée et effrayée par les projets d’alliance franco-russe ? Tout récemment, l’expédition d’Alger ne venait-elle pas de raviver de vieilles jalousies britanniques que déjà, plusieurs années auparavant, la guerre d’Espagne avait irritées ? Les hommes d’État d’outre-Manche en voulaient même particulièrement à M. de Polignac, sur lequel, pendant son ambassade à Londres, ils s’étaient imaginés avoir mis la main. La Révolution, si déplaisante qu’elle leur parût à d’autres égards, leur offrait donc cette compensation qu’elle frappait un gouvernement dont ils croyaient avoir à se plaindre, et qu’elle empêchait la France de reprendre, au moins avant longtemps, la politique qui les avait inquiétés. » (Thureau-Dangin, Histoire de la Monarchie de Juillet, t. I, p. 61 et 62.)

P. 377.… Et cette fameuse alliance anglaise, elle était perdue, grâce aux mariages espagnols. — La politique de Guizot dans l’affaire des mariages espagnols fut très énergique. Il était imbu de cette idée que la France ne pouvait perdre la clientèle de l’Espagne en la laissant passer sous l’influence de l’Angleterre. L’entente cordiale était compromise, mais nous n’étions plus dans la même situation qu’au début du règne de Louis-Philippe ; nous entretenions de bonnes relations avec toutes les puissances européennes, il était donc inutile de tout sacrifier à l’alliance anglaise. Lord Palmerston essaya d’entraîner les cabinets d’Europe contre la France, il échoua piteusement.

P. 377.… En Suisse, M. Guizot, à la remorque de l’Autrichien, soutenait les traités de 1815. — Depuis 1830, il y avait une sourde agitation en Suisse. Le parti radical tendait à centraliser. En 1845, les sept cantons catholiques de Fribourg, Lucerne, Schwitz, Unterwalden, Uri, Valais et Zug formèrent une ligue, le Sonder-