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bund, et refusèrent de faire exécuter le décret de la diète fédérale expulsant les ordres religieux. Les cantons protestants se liguèrent de leur côté. Les catholiques, vaincus à Fribourg et à Lucerne (1847), furent contraints de dissoudre le Sonderbund et d’exécuter les décrets d’expulsion.

L’Autriche et la France entreprirent une intervention diplomatique en faveur des catholiques, pour garantir la liberté cantonale accordée à chaque canton par les traités de 1815. M. de Metternich était même partisan d’une action militaire, mais ce projet fut peu goûté par Guizot. L’Angleterre prit en main la cause des radicaux, ce qui empêcha toute intervention franco-autrichienne. La question était toujours pendante en 1848.

P. 377.… La Prusse avec son Zollverein nous préparait des embarras… — Le zollverein était en effet très favorable à la Prusse. Il date de 1833. En 1847 se passait un événement plus important : le roi de Prusse donnait une constitution à ses États. Guizot semble avoir été très clairvoyant en cette circonstance, si l’on en juge par cette lettre à l’ambassadeur de France à Vienne (25 février 1847) : « Un fait considérable vient de s’accomplir en Allemagne. Le roi de Prusse a donné une constitution à ses États ; ce que lord Palmerston voit surtout, c’est un triomphe de l’esprit libéral…

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« Nous sommes frappés du grand parti que la Prusse ambitieuse pourrait désormais tirer, en Allemagne, des deux idées qu’elle tend évidemment à s’approprier : l’unité germanique et l’esprit libéral. Elle pourrait, à l’aide de ces deux leviers, saper peu à peu l’indépendance des États allemands secondaires, et les attirer, les entraîner, les enchaîner à sa suite, de manière à altérer profondément l’ordre germanique actuel et, par suite, l’ordre européen. Or l’indépendance, l’existence tranquille et forte des États secondaires de l’Allemagne nous importent infiniment, et nous ne pouvons entrevoir la chance qu’ils soient compromis ou seulement affaiblis au profit d’une puissance unique, sans tenir grand compte de cette chance et la faire entrer pour beaucoup dans notre politique. »

P. 377. La question d’Orient restait pendante. — La question d’Orient en était alors à la Convention des Détroits (13 juillet 1841), en vertu de laquelle la Turquie avait le droit d’interdire l’entrée des Dardanelles et du Bosphore aux vaisseaux de guerre de toutes les nations. C’était un avantage pour l’Angleterre et un échec aux prétentions de la Russie à accaparer la mer Noire.

P. 378. M. Cousin. — Cousin fut en quelque sorte le grand maître de la philosophie d’État sous Louis-Philippe. Les doctrines de l’école éclectique étaient enseignées d’office dans tous les