— « Croyez-vous que nous sommes ici pour plumer les canards, fichtre ?… En garde ! »
Les adversaires étaient l’un devant l’autre, leurs témoins de chaque côté. Il cria le signal :
— « Allons ! »
Cisy devint effroyablement pâle. Sa lame tremblait par le bout, comme une cravache. Sa tête se renversait, ses bras s’écartèrent, il tomba sur le dos, évanoui. Joseph le releva ; et, tout en lui poussant sous les narines un flacon, il le secouait fortement. Le Vicomte rouvrit les yeux, puis tout à coup, bondit comme un furieux sur son épée. Frédéric avait gardé la sienne ; et il l’attendait, l’œil fixe, la main haute.
— « Arrêtez, arrêtez ! » cria une voix qui venait de la route, en même temps que le bruit d’un cheval au galop ; et la capote d’un cabriolet cassait les branches ! Un homme penché en dehors agitait un mouchoir, et criait toujours : « Arrêtez, arrêtez ! »
M. de Comaing, croyant à une intervention de la police, leva sa canne.
— « Finissez donc ! le Vicomte saigne ! »
— « Moi ? » dit Cisy.
En effet, il s’était, dans sa chute, écorché le pouce de la main gauche.
— « Mais c’est en tombant », ajouta le Citoyen.
Le Baron feignit de ne pas entendre.
Arnoux avait sauté du cabriolet.
— « J’arrive trop tard ! Non ! Dieu soit loué ! »
Il tenait Frédéric à pleins bras, le palpait, lui couvrait le visage de baisers.
— « Je sais le motif : vous avez voulu défendre votre vieil ami ! C’est bien, cela, c’est bien ! Jamais je ne l’oublierai ! Comme vous êtes bon ! Ah ! cher enfant ! » Il le contemplait et versait des larmes, tout en ricanant de bonheur. Le Baron se tourna vers Joseph.
— « Je crois que nous sommes de trop dans cette