Page:Flaubert - Le Candidat.djvu/41

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Gruchet.

Cela saute aux yeux ! — On vit à la campagne, où l’on cultive les terres de ses ancêtres soi-même, par économie et fort mal. Du reste, elles sont mauvaises et grevées d’hypothèques. Huit enfants, dont cinq filles, une bossue ; impossible de voir les autres pendant la semaine, à cause de leurs toilettes. L’aîné des garçons, qui a voulu spéculer sur les bois, s’abrutit à Mostaganem avec de l’absinthe. Ses besoins d’argent sont fréquents. Le cadet, Dieu merci [sera prêtre][1] ; le dernier, vous le connaissez, il tapisse. Si bien que l’existence n’est pas drôle dans le castel, où la pluie vous tombe sur la nuque par les trous du plafond. Mais on fait des projets, et de temps à autre, — les beaux jours, ceux-là, — on s’encaque dans la petite voiture de famille disloquée, que le papa conduit lui-même, pour venir se refaire à l’excellente table de ce bon M. Rousselin, trop heureux de la fréquentation.

Rousselin.

Ah ! vous allez loin ; cet acharnement…

Gruchet.

C’est que je ne comprends pas tant de respect pour eux, à moins que, par suite de votre ancienne dépendance…

  1. LA CENSURE a biffé le mot prêtre sur mon manuscrit. J’ai mis : Le cadet, Dieu merci, a disparu.