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Page:Flaubert - Le Candidat.djvu/42

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Rousselin, avec douleur.

Gruchet, pas un mot de cela, mon ami ! pas un mot ; ce souvenir…

Gruchet.

Soyez sans crainte ; ils ne divulgueront rien, et pour cause !

Rousselin.

Alors ?

Gruchet.

Mais vous ne voyez donc pas que ces gens-là nous méprisent parce que nous sommes des plébéiens, des parvenus ! et qu’ils vous jalousent, vous, parce que vous êtes riche ! L’offre de la candidature qu’on vient de vous faire, — due, je n’en doute pas, aux manœuvres de Bouvigny, et dont il se targuera, — est une amorce pour happer la fortune de votre fille. Mais comme vous pouvez très-bien ne pas être élu…

Rousselin.

Pas élu ?

Gruchet.

Certainement ! Et elle n’en sera pas moins la femme d’un idiot, qui rougira de son beau-père.

Rousselin.

Oh ! je leur crois des sentiments…

Gruchet.

Si je vous apprenais qu’ils en font déjà des gorges chaudes ?