Voyons la première. Mme Bovary est près de la chute, près de succomber.
« La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, les tendresses matrimoniales en des désirs adultères, » … « elle se maudit de n’avoir pas aimé Léon, elle eut soif de ses lèvres. »
Qu’est-ce qui a séduit Rodolphe et l’a préparé ? Le gonflement de l’étoffe de la robe de Mme Bovary qui s’est crevée de place en place selon les inflexions du corsage ! Rodolphe a amené son domestique chez Bovary pour le faire soigner. Le domestique va se trouver mal, Mme Bovary tient la cuvette.
« Pour la mettre sous la table, dans le mouvement qu’elle fit en s’inclinant, sa robe s’évasa autour d’elle sur les carreaux de la salle ; et comme Emma, baissée, chancelait un peu en écartant les bras, le gonflement de l’étoffe se crevait de place en place selon les inflexions du corsage. » Aussi voici la réflexion de Rodolphe :
« Il revoyait Emma dans la salle, habillée comme il l’avait vue, et il la déshabillait. »
Page 417[1]. C’est le premier jour où ils se parlent. « Ils se regardaient, un désir suprême faisait frissonner leurs lèvres sèches, et mollement, sans effort, leurs doigts se confondirent. »
Ce sont là les préliminaires de la chute. Il faut lire la chute elle-même.
« Quand le costume fut prêt, Charles écrivit à M. Boulanger que sa femme était à sa disposition et qu’il comptait sur sa complaisance.
« Le lendemain à midi, Rodolphe arriva devant la porte de Charles avec deux chevaux de maître ; l’un portait des pompons roses aux oreilles et une selle de femme en peau de daim.
« Il avait mis de longues bottes molles, se disant que sans doute elle n’en avait jamais vu de pareilles ; en effet, Emma fut charmée de sa tournure, lorsqu’il apparut avec son grand habit de velours marron et sa culotte de tricot blanc…
« Dès qu’il sentit la terre, le cheval d’Emma prit le galop, Rodolphe galopait à côté d’elle. »
Les voilà dans la forêt.
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