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Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/103

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est ouverte et donne sur la mer ; valetaille nombreuse, bigarrée de peau et de vêtements de soie) ; la pâtisserie me semble bonne, le reste exécrable ; je goûte du pain arabe, pâte incuite en larges galettes. Je m’observe le plus que je peux pour ne pas faire d’inconvenances.

Dans l’après-dîner, promenade à Abou-Mandour, sur la rive gauche du Nil. — Jardin et roseaux (le seul endroit du Nil où j’en aie vu, il n’y en a presque pas sur les bords du Nil). — Grand soleil sur l’eau.

À Abou-Mandour, le Nil fait un coude à gauche (rive droite) et de ce côté il y a de hautes berges de sable.

Une cange en tartane passe dessus : voilà le vrai Orient, effet mélancolique et endormant ; vous pressentez déjà quelque chose d’immense et d’impitoyable au milieu duquel vous êtes perdu.

Sur une fortification un musulman faisant sa prière et se prosternant du côté du soleil couchant. — Abou-Mandour est un santon. — Sycomore. — L’homme qui garde le santon nous donne à manger quelques fruits du sycomore, qui ressemblent à des figues. Ce que nous appelons en Europe sycomore ne ressemble pas au sycomore. Le gardien du santon me donne aussi quelques dattes, un chien me suit, la colique me travaille. Le Nil fait ici un coude, le désert est en face et à droite ; à gauche, au delà du Nil, ce sont d’immenses prairies vertes avec de grandes flaques d’eau. — Nous montons au télégraphe, le gardien me baise la main.

Retour à la caserne. Nous dînons tous les trois