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Triste misère du langage ! comparer des étoiles à des diamants !

Louqsor. — Le lendemain, mardi, nous visitons Louqsor. Le village peut se diviser en deux parties, divisées par les deux pylônes : la partie moderne, à gauche, ne contient rien d’antique, tandis qu’à droite les maisons sont sur, dans, et avec les ruines. Les maisons habitent parmi les chapiteaux des colonnes, les poules et les pigeons huchent, nichent dans les grosses feuilles de lotus ; des murs en briques crues ou en limon forment la séparation d’une maison à une autre, les chiens courent sur les murs en aboyant. Ainsi s’agite une petite vie dans les débris d’une grande.

Il y a trois colonnades, deux de petites colonnes, une de grosses : les grosses ont des chapiteaux-champignons, les petites ont des chapiteaux-lotus non épanouis.

Pylônes. — La corniche des pylônes a été brisée, elle subsiste seulement dans la partie interne de la porte. Des deux côtés de la porte, deux colosses enfouis jusqu’à la poitrine ; les épaules du colosse de gauche sont la seule chose d’eux qui soit intacte ; ils devaient être d’un très beau travail à en juger par les bandelettes et les oreilles. Un troisième colosse, sur le pylône de droite, est complètement enfoui ; on n’en voit plus que le bonnet de granit poli qui brille au soleil comme une pipe de porcelaine allemande. En face des pylônes, sur les maisons qui font vis-à-vis, pigeonniers ; les pigeons s’envolent et vont battre des ailes au sommet des pylônes. Sur le pylône de gauche on voit une bataille : les chars sont alignés, c’est-à-dire échelonnés les uns sur les