Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/221

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autres, par défaut de perspective ; tous les chevaux sont cabrés ; pêle-mêle de gens et de chevaux tombant les uns sur les autres ; le roi (grande nature) est debout sur un char à deux chevaux, et tire de l’arc, derrière lui un flabellifère ; il est au milieu de la bataille ; plus loin sont des gens dans une grande barque, debout. Un homme debout (nature moyenne) sur son char, conduisant les mains très en avant, chic anglais. Sur le pylône de droite on voit vaguement des chars et des guerriers ; un homme (de grande nature), assis, semble recevoir des captifs. Le pylône de gauche représentait la bataille et celui de droite le triomphe. C’est contre le pylône de gauche que se trouve l’obélisque, dans un état parfait de conservation. Une ch.... blanche d’oiseaux tombe d’en haut et s’épate par le bas comme une coulée de plâtre ; c’est par la m.... des oiseaux que la nature proteste en Égypte, c’est là tout ce qu’elle fait pour la décoration des monuments, ça remplace le lichen et la mousse. L’obélisque qui est à Paris se trouvait contre le pylône de droite. Huché sur son piédestal, comme il doit s’embêter là-bas, sur la place de la Concorde, et regretter son Nil ! Que pense-t-il en voyant tourner autour de lui les cabriolets de régie, au lieu des anciens chars qui passaient jadis au niveau de sa base ?

L’intérieur des pylônes est difficile à monter ; les pierres sont disposées angle sur angle, de la même manière que dans les couloirs des Pyramides. D’en haut, nous voyons Joseph en bas avec sa chemise blanche, tranquillement assis sur la natte de la mosquée, car il y a, en dehors de la mosquée, une sorte de longue plate-forme ou ter-