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KOSSÉIR.

Samedi 18 mai. — Nous nous levons au petit jour ; il y a, amarrés sur la plage, quatre bateaux de gellabs. Les esclaves, descendus à terre, marchent conduits par deux hommes ; ils vont par bandes de 15 à 20. Quand je suis monté sur mon chameau, Hadj-Ismaël saute pour me donner une poignée de main. L’homme à terre, allongeant le bras pour donner une poignée de main ou offrir quelque chose à l’homme monté sur son chameau, est un des plus beaux gestes orientaux ; surtout au départ, il y a là quelque chose de solennel et de gravement triste. Les habitants de Keneh ne sont pas encore levés ; sur leurs portes, les almées, couvertes de piastres d’or, balayent leur seuil avec des branches de palmier, en fumant le chibouk du matin. Le soleil, sans rayons, est voilé par la vapeur du khamsin. À gauche, montagnes arabiques comme des falaises ; devant nous le désert grisâtre ; à droite, des plaines vertes. Nous marchons sur la limite du désert, peu à peu la plaine cultivée nous quitte ; on la laisse sur la droite et l’on s’enfonce dans le désert. Au bout de quatre heures, on arrive à un petit bois de gazis, avec une longue construction à galerie en arcades, au rez-de-chaussée : c’est un khan, Birr-Amber. Nous y déjeunons dans le santon sur des nattes, nous y faisons la sieste.

Arrivés à Birr-Amber à 9 heures et demie, repartis à 11 heures et demie.

Devant la galerie du khan deux longues