Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/266

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le barbier. — Le b… est démoli, je reconnais seulement, en y allant, la poutre contre laquelle j’ai cuydé me tuer. Dans la rue, un chien avec un chancre à l’oreille, qui était pleine de mouches et d’œufs de mouches. — Nous allons chez une vieille femme acheter des poulets : calme, chèvres qui montent et descendent l’escalier, une surtout avec des taches noires sur ses oreilles blanches ; le poulailler était une espèce de four, bas, où on prenait les poules.

À 4 heures et demie, nous nous arrêtons, à une lieue environ de Benisouef, à cause du vent contraire.

Saoul. — Dimanche 23, nous nous arrêtons, au milieu du jour, au village de Saoul. Le soir, nous allons, avec Joseph, pour chercher du lait ; les buffles revenaient du fleuve, on les a attendus pour nous donner du lait. — « Fi léban ? »

Des bœufs, tournant en rond, battaient les blés, ce qui me rappelle l’idylle égyptienne : « battez, battez, ô bœufs, etc. ».

Placés sur un monticule de poussières, ayant derrière nous une ligne de palmiers dans lesquels un soleil couchant se répandait, nous avions devant nous la chaîne arabique, le Nil au deuxième plan, la campagne blonde de blés coupés, avec des fellahs et des bœufs s’y agitant ; sur les murs des maisons, des blés. La lune a paru toute ronde, entre deux palmiers. Rien ne faisait mieux songer à l’Égypte ancienne, l’Égypte agricole et dorée. Peu à peu la nuit est venue.

Retour au Caire. — Mardi 25, au matin, nous avons vu le Caire ; nos hommes rament d’un air gai, nous revoyons les Pyramides, le nombre des