Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/340

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fileurs de coton, teinturiers, mosquées, fontaines, des arbres qui pendent en grappes et tiennent leur flot de verdure suspendu sur la multiplicité de couleurs qui s’agitent sous eux, quelques beaux corps de garde turcs, un grand cimetière que traverse la route, avec des petites branches vertes fichées au pied de chaque tombe (le dessus des tombes est généralement convexe en forme de cylindre). Nous entrons dans la ville, nous tournons plusieurs rues étroites, l’encombrement augmente au point que nos chevaux ne peuvent avancer. Enfin nous arrivons à Damas[1], à l’hôtel, où nous retrouvons MM. Striber, Husson et Muller.

Damas. — Ce jour-là, dimanche, pioncé tout l’après-midi.

Lundi 2. — Visité, avec ces messieurs et le janissaire du consulat français, plusieurs maisons juives. — Pris un bain le matin ; c’est là que Smaël-Aga est venu me dire adieu, je me suis senti les yeux humides en le regardant pour la dernière fois. — Flâné dans les bazars, qui me paraissent superbes.

Portraits. — Le vieux Iousouf de l’Hôtel de Palmyre, à Jérusalem, petit homme maigre, dans une robe de couleur poussière à fleurs violettes pâles ; énorme turban sale, un grand nez dessous, sourcils très forts, ensemble comique. Je n’ai jamais vu rien d’un gracieux plus singulier que ses gestes, lorsqu’il racontait à Stéphany comment, sous le gouvernement d’Ibrahim-Pacha, quelques hommes, pour pénétrer sous les dé-

  1. Voir Correspondance, I, p. 441.