Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/367

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composition, ils sont là d’un bel effet. À gauche, grand mouvement de terrain, creusé comme une vague, lisse à l’œil et tout gris, sans verdure aucune ; c’est un peu plus bas que commencent les couleurs vertes. Vers la droite (du côté de Tripoli), il y a une base de montagne blanche, c’est celle-là qu’on tourne pour aller à Aden. Grand bouquet vert à mi-côte, avant d’arriver aux plaines qui s’étendent (de ce côté) jusqu’à la mer. Le village de Bercharra, au milieu de ses arbres longs et verts, comme seraient des sapins (ce sont des peupliers trembles), a l’air tout penché sur l’abîme, et la vallée (dont, à cause de la hauteur où l’on est, on ne peut voir les pentes qui y mènent) a l’air creusée à pic.

Quand on se tourne vers l’Anti-Liban, on a d’abord le Liban ; au premier plan, la partie dégarnie de la montagne, puis le plateau qui monte vers la partie boisée. Son fond est grisâtre, çà et là parsemé de bouquets verts, le terrain fait gros dos et va joindre la forêt de caroubiers dont on ne peut voir le versant oriental. Vient, en y faisant suite, la plaine de Bequaa, qui a l’air de monter et va s’asseoir aux pieds de l’Anti-Liban qui accumule les unes derrière les autres ses chaînes successives. Il me paraît très large et plus épaté, plus couché que le Liban. Au milieu de la plaine, la petite montagne que nous avons doublée l’autre jour, en allant à Baalbek ; à gauche, le Liban et l’Anti-Liban m’ont l’air de se rejoindre et d’enfermer la Célœsyrie, tout au moins se confondent-ils ; à droite les montagnes derrière lesquelles est Zaachle. C’est de ce côté que Maxime est en marche ; comme j’étais à moitié chemin à peu près de la