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NOTES DE VOYAGES.

vie ici est triste, éclairée de cet éternel reflet blanc. Il n’y a pas d’ours ni de loups, le pays est trop pauvre. — Auberge. — Le matin, deux voyageurs : une dame et un monsieur sans nez ; les deux jeunes gens ont exécuté une polka. — C’était fête-Dieu. — Reposoir. — Le cantonnier battant du tambour avec un jeune gars qui soufflait gravement dans une flûte, une rose sur son chapeau.

Départ à 9 heures du matin. — Neiges. Les arbres se rapetissent et bientôt cessent complètement ; on ne voit plus que des troncs, cassés par les avalanches ou brisés par les bûcherons, passant à travers la neige. — Grandes courbes blanches d’une ondulation pleine de grâce. — Chemin à travers deux murs de neige ; les moyeux de notre voiture y entraient. — Cantonnier à lunettes vertes marchant devant nous, son instrument sur l’épaule. — Rencontre de la diligence. — Homme dégoûtant passant sa tête par la portière, grotesque au milieu du sublime, petite laideur au milieu de la grande laideur (au point de vue classique), vilain dans l’horrible. — À plat, l’hospice. — Les trois galeries. — C’est en commençant à descendre que la vue devient magnifique : la vallée part de dessous vos pieds et ouvre son angle immense vers l’horizon, portant sur ses flancs ses pins et ses neiges. — Indescriptible ! il faut rêver et se souvenir.

Revisailles. — Déjeuner. — Pont d’une maison à l’autre qui traverse la route. — Forte fille de la montagne, fraîche, rose, charnue, un peu allemande avec son petit chapeau rond à grand ruban lissé ; chignon renoué et visible par derrière. —