Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/91

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pente, ou à escaliers, lavées. — Propreté anglaise se marie à quelque chose de l’Orient. — Toutes les maisons, en pierre de taille, ont des fenêtres à balcon supporté par des consoles Louis XIV ; la caisse ou plutôt couverture du balcon est en bois, vert d’ordinaire.

Église San Giovanni. — Dallée de tombes, mais couvertes de grandes nattes de paille ; c’est traiter les tombeaux comme des fauteuils : aux grands jours on retire les housses. C’est une église italienne de la dorure, de la peinture ; les chapelles latérales communiquent de l’une dans l’autre par des portes romanes. Ces chapelles me font l’effet (vues en perspective surtout) d’être de bons endroits pour les rendez-vous espagnols du XVIe siècle : la femme est agenouillée ; de dessous l’une de ces portes on la regarde qui prie, abaissée sous son grand voile noir.

Dans une chapelle latérale de droite, tombeau d’un commandeur : le buste porté par deux hommes sur leurs épaules, un nègre et un maure. — Autre chapelle à grille d’argent.

Amirauté. — Rien, de beaux appartements ; le portrait de S. M. Georges IV, cravaté rouge, affreux, un vrai coq emmailloté ; tentures sombres, tapis turc.

À l’arsenal, les trophées sont complétés par des boucliers en carton ; deux ou trois boucliers, que nous essayons à grand’peine de soulever, tant ils sont lourds.

En face l’Administration des paquebots français, la femme d’un pilote anglais, faisant la rue, vieille Andalouse à traits longs et à œil violent d’amour ; la graisse de l’âge est venue par-dessus. La graisse