Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/14

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Karpouzelou. — Café, gourbi. Nous couchons à vingt pas de là, dans une petite maison où l’on monte par un escalier en bois. Dormi sur la terrasse, nuit froide et étoilée, clair de lune tout le temps.

Dimanche 20. — Toute la journée nous avons été à plat, sans descendre ni monter, la route suivant la plaine entre les montagnes ; pendant les quatre premières heures, c’est encore assez boisé.

Café où il n’y a personne ; seulement un zeibek assis devant, sous un arbre, garde les animaux qui paissent parmi les broussailles tout alentour. Après le café, on passe trois fois la même rivière, plus large chaque fois : elle s’appelle Kina tchaï (la rivière de la Chine). Les montagnes deviennent de moins en moins boisées, celle de droite surtout est complètement grise et marquée de taches blanchâtres ; à gauche, de l’autre côté du fleuve qui est vert pâle, la montagne est mamelonnée en petits dômes.

Arbrisseaux maigres. — Au premier plan, des herbes longues (chardons ?), rousses et espacées les unes des autres ; des chameaux nus passent et se rendent vers le fleuve ; ils sont forts et couleur tabac d’Espagne. Le vent est âpre, il fait du soleil, ciel bleu et froid. Le soleil passe dans les poils roux de la bosse d’un jeune chameau qui lève le nez dans les herbes. — Autre, petit et bossu, de figure ressemblant à Amédée Mignot en costume d’agréé au tribunal de commerce.

Un peu plus loin, le fleuve est très large ; îlots de sable sur lesquels, de place en place, sont des lauriers-roses, mais rares. — Au premier plan, touffe d’arbrisseaux. — Paysage sauvage et à