Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/175

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geons une ratatouille d’œufs et quelques tranches de jambon. À 6 heures 38 minutes, nous remontons à cheval ; un guide, que nous avons pris là, nous précède ; quant à l’autre, depuis midi environ, il ne nous suit plus.

Jusqu’à Patras, nous allons tout à fait au bord de la mer, quelquefois nous marchons dedans, le gravier bruit lourdement sous les pieds fatigués de nos montures ; j’ai, comme fatigue, le bras droit las de tenir la bride. La nuit est douce, on y voit, quoique la lune soit cachée ; l’air frais me fait du bien à la tête, on sent l’odeur des buissons de lentisques et l’odeur de la mer, son bruit est faible. Je vais derrière François, suivant la croupe blanche de son cheval ; vers 8 heures, je passe devant et vais derrière Maxime. — Le golfe a l’air de se rétrécir. À notre droite, grande clarté d’un feu de pâtres, qui se chauffent dans la nuit ; aboiements lointains des chiens qui, sans doute, nous sentent ; tout au fond, à l’horizon, deux lumières qui ont l’air d’être à ras des flots.

À 9 heures, un grand bâtiment carré à ma droite : c’est l’église Saint-André, nous sommes à Patras[1].

Patras. — Une avenue plantée et qui descend ; à gauche, une maison illuminée. Nous descendons une grande rue, c’est illuminé (à cause de la fête de la reine, nous dit-on le soir). Quelles tristes illuminations ! et quelle triste ville !

Nous faisons trois visites à trois hôtels sans trouver de logement ; tout est plein. Enfin, on nous met dans une grande maison inachevée,

  1. Voir Correspondance, II, p. 41 et 47.