départ pour Constantinople sur l’Asia de la Compagnie du Lloyd. — Weber est ému d’un déjeuner qu’il vient d’avoir avec Oscar.
Passagers : M. Constant, gros et bon brutal Américain ; Mme Constant, petites boucles d’oreilles en diamant ; son fils, maniaque de la lorgnette ; Oscar ; un gros armateur de Trieste, charpenté, en redingote jaune blanc, figure de bouledogue, insipide ; M. Peyret, français établi à Constantinople ; sa femme en coiffure grecque, lèvres boudeuses et suceuses, pelisse jaune ; gros Arménien bon enfant, qui nous donnait des prises de tabac (nous l’avons rencontré aujourd’hui dans la cour du tekeh des derviches tourneurs), il avait la figure toute bleue, ce qui venait d’un mouchoir en toile peinte tout neuf, dont il se servait ; sa fille, Arménienne viandée, à cheveux noirs, venait avec lui à Constantinople chercher une femme pour son frère ; Aline Duval ; le gouverneur de Samos.
Je suis sorti de ma cabine et j’ai vu Ténédos à gauche, derrière moi ; plus en remontant, Lemnos.
Sur le rivage à droite, buttes de terre ; on vous en montre une que l’on dit le tombeau de Patrocle. Le rivage est bas, mais c’est dans un admirable pays ; je ferai, coûte que coûte, le voyage de la Troade. (Voilà ce que j’écrivais !). À gauche, nous avons l’Europe. — Aller d’ici à Venise, par terre, ce serait un voyage !
Dardanelles. — Samedi 9 et dimanche 10 novembre, quarantaine aux Dardanelles, nous restons à bord. Quel jambon que le jambon croate de l’Asia !