Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/228

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quel beau rapport à écrire pour ceux qui auraient fait notre autopsie.

Ô confort ! me disais-je en entrant timidement dans mes draps, ô confort idéal du bonheur moderne, que tu es loin d’avoir pénétré jusqu’à Daoulas ! comme on y méconnaît tes douceurs ! Voilà cependant des gens qui ignorent tes stores, tes tapis, tes portières, tes étagères, tes calorifères ! Quel mépris du chic anglais ! quelle incurie dans le service ! quelle malpropreté de linge ! quels tristes coutiaux ! quelle vilaine argenterie ! On ne trouverait pas dans tout le pays une seule pierre ponce ; ils ne se doutent pas même de la manière de faire le thé, et certainement qu’aucune de ces maisons-là n’a un water-closet convenable.

Nous dormîmes quatorze heures de suite et nous ronflions encore le lendemain, tout en visitant l’église. On raconte sur sa fondation une belle légende dans laquelle figurent un dragon avec son petit, deux saints et un seigneur furieux, mais je suis fatigué des légendes et non moins des églises. Outre que je n’ai pas, d’ailleurs, la bosse archéologique fort développée, n’est-il pas ennuyeux, convenez-en, d’endurer au moins une fois par jour une nef, un portail, des bas côtés, des chapiteaux, des arcades, des arcatures, des colonnes, des piliers, des pleins cintres et des ogives ? À force d’être prodiguées, les plus aimables choses deviennent odieuses. De ma vie je n’oublierai la haine que les Pyrénées m’avaient