Page:Flaubert - Salammbô.djvu/395

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des vélites, enfin arrivée contre eux, les entamait largement.

Mâtho les tira en arrière. Sa droite contenait des Campaniens armés de haches ; il la poussa sur la gauche carthaginoise ; le centre attaquait l’ennemi, et ceux de l’autre extrémité, hors de péril, tenaient les vélites en respect.

Alors Hamilcar divisa ses cavaliers par escadrons, mit entre eux des hoplites, et il les lâcha sur les Mercenaires.

Ces masses en forme de cône présentaient un front de chevaux, et leurs parois plus larges se hérissaient toutes remplies de lances. Il était impossible aux Barbares de résister ; seuls, les fantassins grecs avaient des armures d’airain ; tous les autres, des coutelas au bout d’une perche, des faux prises dans les métairies, des glaives fabriqués avec la jante d’une roue ; les lames trop molles se tordaient en frappant, et, pendant qu’ils étaient à les redresser sous leurs talons, les Carthaginois, de droite et de gauche, les massacraient commodément.

Les Étrusques, rivés à leur chaîne, ne bougeaient pas ; ceux qui étaient morts, ne pouvant tomber, faisaient obstacle avec leurs cadavres ; et cette grosse ligne de bronze tour à tour s’écartait et se resserrait, souple comme un serpent, inébranlable comme un mur. Les Barbares venaient se reformer derrière elle, haletaient une minute ; puis ils repartaient, avec les tronçons de leurs armes à la main.

Beaucoup déjà n’en avaient plus, et ils sautaient sur les Carthaginois qu’ils mordaient au visage, comme des chiens. Les Gaulois, par orgueil, se dépouillèrent de leurs sayons ; ils montraient de