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Trompe mon cœur… trop heureux s’il s’abuse !
Enlève-moi sur ton aile de feu !
De tous les biens que le ciel me refuse,
Qu’un peu de gloire au moins me tienne lieu.
Ah ! qu’ai-je dit et qu’osé-je prétendre ?
Disparaissez, désirs présomptueux !
Lorsqu’au tombeau je suis prête à descendre,
Qu’ai-je besoin d’un laurier fastueux ?

Je chante, hélas ! comme l’onde murmure,
Sans but, sans art, sans espoir, sans désir :
Ainsi la fleur s’unit à la verdure,
Et se balance au souffle du zéphyr.
Oui, malgré moi, ma secrète pensée
Vient retentir sur mon luth douloureux ;
Elle jaillit de mon âme oppressée,
Comme les pleurs s’échappent de mes yeux.

Par le malheur choisie à mon aurore,
Pour l’oublier je chantais ma douleur.